Que feriez-vous si un être cher, un élève, un collègue, ou un frère de votre congrégation vous fait suffisamment confiance pour vous confier qu’il a été victime de maltraitance ? Bien qu’il n’existe pas de formule toute faite ni de réponse universelle, certains principes fondamentaux peuvent fournir une orientation dans de nombreuses situations.
Lorsque quelqu’un vous fait part de cette situation douloureuse sur le plan personnel, c’est parce que vous représentez à ses yeux une personne de confiance. Cette confiance peut s’avérer très fragile, c’est pourquoi il convient de faire preuve de douceur, d’empathie et de transparence afin d’aider efficacement la victime de maltraitance. Si celle-ci vous demande de n’en parler à personne, vous devrez lui faire comprendre que vous pourriez ne pas pouvoir faire cela si la loi vous obligeait à le signaler, mais que vous serez à ses côtés tout au long de la procédure.Écouter
Commencez par écouter son histoire sans chercher à porter de jugement. Il arrive que le récit fait par la victime ne soit pas clair ou qu’il n'ait pas de sens. Il est normal de demander des précisions, mais sans oublier qu’il ne vous revient pas d’établir ce qui s’est réellement passé.Pendant que vous écoutez son récit, soyez conscient qu’une victime de traumatisme pourra vous présenter les événements dont elle se souvient de façon décousue. Dans certains cas, la peur affecte la capacité du cerveau à stocker des informations contextuelles ou l’ordre chronologique d’un acte de maltraitance. Pour beaucoup, les souvenirs d’une victime de traumatisme peuvent être brouillés. Cette confusion pourra susciter le doute ou un jugement sévère, mais il est important de ne pas réagir de la sorte. Il faut bien comprendre que les victimes de maltraitance peuvent se souvenir de leur traumatisme d’une façon différente à celle des événements non traumatisants.
Il convient de manifester son inquiétude quant à la sécurité de la victime et de lui apporter son soutien, mais un contre-interrogatoire est inapproprié. Écoutez et faites preuve d’attention et de délicatesse. Toutefois, il vaut mieux s’abstenir de dire à la victime ce qu’il faut faire. Posez-lui plutôt des questions sur ses besoins et sur ce qu’elle pense être la meilleure voie à suivre.
Soutien
S’il y a lieu, vous pourrez également l’aiguiller vers des ressources communautaires, telles que les programmes de prévention de la maltraitance ou d’assistance, les centres d’accueil ou des services juridiques. Il peut s’agir de ressources permettant de dénoncer les cas de maltraitance, de trouver une assistance psychiatrique ou un numéro vert pour la prévention du suicide. Vous devez être disposé et prêt à continuer de jouer un rôle de soutien au fur et à mesure que la victime traverse cette étape de sa vie. Votre assistance est primordiale durant cette période de grande angoisse.S’il est important d’écouter, il est également essentiel d’être conscient de la possibilité d'un préjudice imminent que peut encourir la victime. Cherchez discrètement à savoir si la violence ou la maltraitance s’est récemment aggravée ou si l’agresseur a proféré des menaces qui mettent la victime en danger. La réponse aura sans nul doute une incidence sur les prochaines mesures que la victime pourrait vouloir prendre ainsi que sur l’assistance que vous pourriez lui fournir, que ce soit directement ou indirectement.
Vous ne devez affronter l'agresseur sous aucun prétexte. Vous pourriez exposer la victime à un plus grand préjudice si vous le faites, étant donné que l'agresseur pourrait considérer la dénonciation comme une menace. Le niveau de maltraitance ou de violence envers la victime pourrait alors augmenter. Sans y prendre garde, vous pourriez vous mettre vous-même en danger.
Si la victime est mineure
Les mêmes techniques d’écoute sans porter de jugement s’appliquent dans le cas d’un enfant ou d’un adolescent mineur qui confie avoir été victime de maltraitance. Vous devrez également interagir avec la victime en lui posant des questions adaptées à son âge. L’enfant ou l’adolescent sera probablement apeuré, vous devez donc le rassurer en lui faisant comprendre que la dénonciation de la maltraitance est la meilleure chose à faire. Faites attention au ton que vous emploierez et à toute remarque que vous pourriez faire sur l'agresseur, qui pourrait être le parent de l’enfant ou un autre membre de sa famille. Dans de tels cas, l’enfant peut avoir des sentiments contradictoires à l’égard de son agresseur. Il vous faudra évaluer la sécurité de l’enfant ou de l’adolescent, et vous préparer à l’interroger à ce sujet, ainsi que sur ses autres besoins immédiats.En cas de maltraitance d’un mineur ou de toute autre personne vulnérable non mineure, vous aurez probablement l’obligation légale de dénoncer ce fait au département chargé des Affaires sociales ou aux services de protection de l’enfance de votre état ou de votre comté. Familiarisez-vous avec les organismes locaux de dénonciation et avec les méthodes de dénonciation avant d’être confronté au besoin de signaler des faits. Si une dénonciation est nécessaire, vous devez faire savoir à la victime que vous avez l’intention de le faire. Vous pouvez continuer d’apporter votre soutien à la victime à travers la notification et d’autres procédures connexes auprès des services de police ou d’autres organismes publics. Si, selon les dispositions de la loi, vous avez procédé à une dénonciation auprès des autorités, vous devez notifier cela également à votre conférence locale. L’Église adventiste dispose de nombreuses ressources sur la manière de gérer les cas de maltraitance, certaines sont disponibles à l’adresse www.adventistrisk.org.
À moins que vous ne travailliez régulièrement avec des victimes de maltraitance, vous vous poserez probablement d’autres questions spécifiques concernant des situations ou incidents donnés. Il vous faut absolument développer un réseau de professionnels qui travaillent avec des victimes de maltraitance, que vous pourrez appeler en situation de crise. Ces professionnels pourront vous aider à faire ce qu’il faut lorsque quelqu’un vous rapportera une maltraitance et à porter assistance à la victime tout en évitant d’aggraver le problème.
Souvenez-vous que Dieu nous demande d’aider les personnes vulnérables. Préparez-vous dans la prière à vous impliquer, pour être prêt le moment venu. Dieu bénira nos efforts, mais on attend de nous que nous soyons prêts.
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